La manière dont les lettres sont écrites influence la manière dont on les perçoit. Leur forme, leur couleur, leur style évoque plus ou moins consciemment une ambiance, une époque, un style...
À un moment de son histoire, l'être humain a eu l'idée de représenter par des signes inscrits dans la matière ce qu'alors il n'utilisait qu'à l'oral : le language. En inscrivant dans la matière des signes qui représentent des sons ou des idées, l'être humain a ainsi inventé l'écriture. L'écriture offre de nombreuses possibilités qui n'étaient pas permises par le language oral. Avec l'écriture, le language peut durer dans le temps, il peut être transmis à distance, il ne nécessite plus qu'une personne soit présente pour communiquer un message, il peut être copié un nombre incalculable de fois...
La forme de l'écriture suivant les époques et les civilisations est en grande partie liée à l'outil qui sert à tracer une trace matérielle et au support physique sur lequel cette trace écrite est inscrite.
Exemple d'écriture cunéiforme inscrite sur une tablette. On voit que les signes sont composés des traces que l'outil a laissées en étant enfoncé dans la terre. Les éléments de cette écriture sont les traces que l'outil inscrit dans la terre en s'enfonçant en un point précis ou en s'enfonçant et en étant tiré tout en continuant à être enfoncé dans la terre.
Exemple de kanji où l'on voit bien que leur forme est liée à l'outil qui permet de les tracer : un pinceau. (Ici l'image a été créée numériquement donc c'est une imitation numérique des traces d'encre laissées par un vrai pinceau étiré sur du papier).
Exemple de calligraphie du Moyen-Âge (avec des enluminures) où l'on peut voir la forme caractéristique des lettres tracées avec une plume bisautée : des pleins et des déliés avec des formes et des contours anguleux.
Les polices à empattements ont été les premières à être utilisées en imprimerie. Pendant très longtemps c'était les seules polices utilisées en imprimerie. On les retrouve très souvent dans les livres, les messages écrits avec une machine à écrire...
Il semblerait que ce type de police de caractères était aussi utilisée par les romains, les grecs...
Aujourd'hui, d'une façon générale, les polices à empattements évoquent un côté traditionnel, ancien, antique, classique, littéraire ou lié aux machines à écrire.
Times New Roman
Lora
Alice
Les polices sans empattements ont été créées en 1925 par Herbert Bayer, un graphiste appartenant au mouvement du Bauhaus. Elles ont été conçues dans le but de simplifier au maximum la forme pour avoir l'impact visuel le plus fort possible et communiquer le message souhaité avec le plus de clarté possible.
L'Alphabet Universel créé par Herbert Bayer en 1925 est créé dans le but de simplifier la forme des lettres au maximum : le bout des lettres n'a pas de fioritures, pas de petits détails, pas d'empattements. La grosseur des lettres (la graisse) est la même pour toutes les lettres et ne varie pas pour une lettre donnée. Certaines lettres sont simplement le symétrique d'une autre lettre comme le b et le d ainsi que le p et le q de même que le m et le w tout comme le n et le u.
Le dessin des lettres utilise des formes simples comme le rond et la ligne droite. La courbure des lettres est rationnelle, presque géométrique et semble être liée à des outils mathématiques (comme les courbes de Bézier par exemple). L'ensemble donne une impression assez mécanique, rigide, industrielle.
D'une manière générale les polices sans empattement évoque un côté moderne, minimaliste, numérique.
Helvetica
Futura
Roboto
Nunito
Amaranth
Quicksand
Pacifico
Balsamiq Sans
Averia Libre
Grandstander
Gaegu
Press Start 2P
Lobster Two
Griffy
Aladin
Cinzel
UnifrakturMaguntia
Luckiest Guy
Special Elite
Flavors